Aurait-on trop fantasmer sur les rêves ? Dreambank est une base de données surprenante qui révèle à quel point les rêves peuvent être… ennuyeux.
Un kickstarter a récemment remis au goût du jour l’étude des songes en proposant d’en faire une analyse à l’échelle mondiale. Shadow, puisque tel est son nom, a rapidement recueilli des fonds et de l’enthousiasme. Il vise à créer une communauté de rêveurs pour analyser les DATA des rêves. Une idée nouvelle ?
Pas du tout. Des communautés de rêveurs partagent leurs rêves depuis longtemps, et des chercheurs les codent et les analysent depuis plus longtemps encore. Cet analyse utilise depuis les années 60′ les outils de la recherche sémantique, qualitative et quantitative : c’est l’incroyable projet entrepris par les scientifiques de Dreambank, une base de données rassemblant pas moins de 22 000 rêves.
Le résultat ? Nos rêves ne sont pas si différent que cela de nos vie, c’est-à-dire plutôt ennuyeux.
Tous ces rêves sont disponibles en lignes et vous pouvez y faire des recherches sur des mots-clefs ou des séries de mots-clefs. Depuis les années 1940, ces rapport oniriques sont recueillis pour permettre l’étude collaborative des rêves par des chercheurs du monde entier. Pour une bonne part, ils ont été codés en fonction des types d’interactions qu’ils décrivent à l’aide d’une méthode normative mise au point par Hal et Van de Castle, séparant les émotions et le sentiments. Les rêves sont étudiés en terme de réseaux de relations entre personnes apparaissant dans les rêves, la présence d’éléments sexuels ou religieux.
Voici 3 découvertes clefs.
Vous ne rêvez pas aussi souvent de sexe que vous le pensez
Les rêves sont très fréquemment associés au sexe dans la culture populaire, probablement à cause d’un certain Freud qui postulait de leur nature sexuelle implicite. Cependant, l’étude systématique de la description des rêves par les “rêvants” eux-mêmes suggèrent que la sexualité explicite est finalement peu présente. Dans l’un des plus importants échantillons de rêves recueillis par Hall et Van de Castle en 1966, seul 12% des rêves faits par des hommes, et 4% des rêves fait par des femmes, recèlent une référence au sexe. Ne serait-ce qu’un baiser.
Vous avez les mêmes amis dans vos rêves qu’ailleurs
Les études utilisant la DreamBank ont montré que les réseaux de relations sociales étaient semblables dans les rêves et dans la vie de tous les jours. Finalement, si l’on se souvient toujours avec étonnement d’avoir rêvé de sa prof de gym qui était soudain devenue une actrice porno avec un doctorat en physique nucléaire, c’est parce que c’est cet étonnement qui améliore la mémorisation. Mais lorsque l’on note tous ses rêves, on s’en souvient mieux et, globalement, on y trouve davantage sa famille et ses amis.
Vous ne rêvez presque jamais de voler
La culture populaire a une nette tendance à souligner la nature étrange de nos rêves. Beaucoup de chercheurs ont essayé de créer des catégories pour ordonner cette étrangeté, et déterminer la fréquence de certains types de rêves. L’un des motifs bizarres les plus caractéristiques est le rêve de “Vol” dans lequel le rêveur se prend pour un oiseau/superman. Le problème ? Pour vérifier la récurrence du motif, beaucoup de chercheurs ou de sondeurs se sont contentés de soumettre des sujets à des questionnaires comportant la question : “Est-ce que vous avez déjà rêvé de voler ?” Bien sûr, tout le monde se souvient, ou pense se souvenir, d’avoir fait ce rêve au moins une fois. Un sacré biais d’étude.
Grâce à l’approche systématique de Dreambank qui passe tous les rêves au peigne fin, on peut quantifier la véritable récurrence de ce soit disant motif. Résultat ? Sur un ensemble de 3309 rapports de rêves faits par des enfants, des adolescents et de jeunes adultes, les chercheurs de DreamBank ont relevé 18 occurrences de ce motifs, soit 0,05% du total. Répétée sur d’autres échantillon, l’opération donna toujours un résultat semblable.
En somme, vous n’êtes superman que dans moins d’1% de vos rêves.