Et si vous pouviez parler avec les morts, que leur diriez-vous? Nombreux sont ceux qui ont essayé, et tout aussi nombreuses furent les méthodes utilisées – mais le grand pionnier et expérimentateur de ces technologies “nécrophoniques” est un suédois du nom de Friedrich Jürgenson. Récit de ses expériences.
On raconte que durant les dix dernières années de sa vie, Thomas Alva Edison (1847-1931), l’inventeur du phonographe et de la chaise électrique, aurait tenté d’enregistrer la voix des morts, au moyen d’une machine dont on ne connaît ni le nom, ni l’apparence. Peu de temps après sa mort, un groupe de spirites américains fondent la Society for Etheric Research afin de poursuivre le vieux rêve d’Edison.
Malgré l’échec de leur entreprise, de nombreuses autres initiatives du même genre voient le jour à la fin des années 50. On utilise alors toutes les techniques de reproduction disponibles sur le marché (magnétophone à bande magnétique, radio, télévision, téléphone, etc.) pour tenter de communiquer avec l’au-delà et capturer des “phénomènes de voix électroniques” (electronic voice phenomena). Cette curieuse alliance du spiritisme et de l’ingénierie porte depuis le début des années 80 le nom de « transcommunication instrumentale » (T.C.I).
L’artiste suédois Friedrich Jürgenson (1903-1987) est aujourd’hui considéré comme l’un des pionniers en matière de voix occultes. Il découvre accidentellement ces phénomènes en juin 1959 alors qu’il enregistre, pour les besoins d’un film, des chants d’oiseaux dans la campagne suédoise. De retour chez lui, il écoute la bande et perçoit le son d’une trompette ainsi que la voix d’un homme parlant en norvégien. Pourtant, ces deux sons présents sur le support magnétique n’étaient pas audibles lors de l’enregistrement original. Jürgenson pense alors que son microphone a capté des interférences radio. Mais après plusieurs années d’enregistrements de même nature, comportant souvent des informations d’ordre privé, le suédois est persuadé d’avoir réussi à enregistrer des messages de l’au-delà.
L’une des méthodes employées par Jürgenson est assez rudimentaire : après avoir déclenché l’enregistrement sur un magnétophone, il suffit de s’adresser aux défunts en prenant soin de parler distinctement dans une ambiance calme, tout en laissant de longs intervalles pour les réponses escomptées. Mais c’est surtout l’utilisation de la radio qui accompagnera Jürgenson jusqu’à la fin de sa vie. D’ailleurs, la fréquence 1485 khz qu’il utilisait régulièrement porte encore aujourd’hui son nom. Il parviendra ainsi à capter des milliers de voix de défunts, celles de ses proches, d’anonymes ou de personnes célèbres comme Vincent van Gogh, Albert Einstein ou Joseph Staline.
Le jour de sa mort, deux de ses amis remarqueront une curieuse image sur leur écran de télévision. Ils la photographieront à l’aide de leur Polaroïd et verront apparaître sur le cliché obtenu le visage de Friedrich Jürgenson.