Le Tryangle pose les questions que vous ne vous posez pas. C’est sur ces prémisses qu’il s’est construit, angle par angle par angle.
Aphorisme drôlatique, énigme interrogative, quête sans queue ni tête, les « questions qu’on ne se pose pas » doivent surprendre et éveiller un désir immédiat de s’interroger encore jusqu’à ce qu’absurde s’ensuive. Si les réponses stérilisent le réel, les questions, elles, le fécondent à l’instar du concombre de mer qui confie sa semence à l’océan.
Le Tryangle part en éclaireur de la troisième voie : cultes insolites, exhibitionnistes urbains, banalité bizarre, rap satanique, érotisme bruyant, code de la route… Les tryangulistes exhument des curiosités qui vous éclaireront davantage sur notre siècle baroque, que les radotages angoissants des journalistes.
Le Tryangle flotte dans une galaxie grande comme une boule de bowling. Ses références sont – notez s’il-vous-plait – l’intermediarisme fortéen, le taoïsme de Tchouang Tseu et les Golgothas gravis à toute vitesse par des Christs à vélo chez Alfred Jarry. Il se trouve sur un monde où la roue de Duchamps a été reproduite en hyperréalisme par Maurizio Cattalan. Un endroit où Pierre Dac échange des traits d’humour avec Fox Mulder et Diogène, et dans lequel Erik Satie s’évertue, après les gymnopédies et les gnossiennes, à inventer un nouveau style sur un piano sans corde : la philorobie, gymnastique auriculaire consistant à ne jouer que de ce doigt-ci jusqu’à ce qu’il muscle. Une vraie musique tryangulaire. C’est un monde où Méliés vit sur la lune et rêve d’envoyer un obus dans la cornée de la terre. C’est une dimension où les OVNIS, c’est nous.
Le Tryangulisme se pratique en cercle restreint, seul ou en groupe de un. Et toute saine pratique tryangulique commence par une séance d’internetomancie, puisque telle est le nom de la science des Questions qu’on ne pose pas. Elle consiste à écrire la phrase ou l’association d’idée la plus absurde possible dans votre moteur de recherche. C’est une invocation à réserver aux plus avisés qui devront s’aventurer dans les forêts vierges du mode prédictif de google, dans les tags imparfaits, entre conspirationisme et rationalisme, vérité et magie, journalisme et accordéonisme.
Le Tryangle se veut communautariste et même tribal, répondant ainsi aux aspirations très archaïques de nos contemporains, qui pourront se ressourcer à ce totem en marge des autoroutes de l’information. La finalité du Tryangle est de fédérer les païens égarés dans les eaux troubles du web en leur fournissant des alternatives pratiques à la norme bourgeoise. Au Veau d’or de la presse écrite, nous substituons un vaudou.
Bref, doutez de tout, car tout doute de vous.
Un texte écrit à plusieurs mains, notamment celles d’Abel Essaïd.