“La witch house, mais qu’est-ce ?” Le terme est apparu en 2009, dans une interview de Travis Egedy (alias Pictureplane) dans le magazine Pitchfork. Et qu’il se réfère à une musique lente, sombre, éthérée et qui ravira vos invités lors de votre prochain sabbat. A partir de là, il n’y a plus qu’à broder votre étiquette et convaincre vos lecteurs que ce ce courant éphémère, né en 2010, vaut quand même la peine de s’y arrêter, si vous étiez passés à coté !
Le journaliste total qui sommeille en moi se dit cependant qu’avec ces seules infos on passe totalement à côté de l’intérêt de la witch house. Car ce qui la rend si intrigante, pour mon humble personne, est son côté chaotique, insaisissable.
Déjà, tenter de décrire la musique a de quoi paumer le lecteur, et vous faire passer pour un journaliste musical pédant (pléonasme). Par exemple, si l’on devait décrire la Witchhouse, on dirait que c’est un mélange Shoegazing, indus (avec notamment Nine Inch Nails), EBM (Electro body music), IDM (Intelligent dance music), metal, chop and screwed (technique hip-hop, devenue un courant, consistant à ralentir un beat et le hacher), chillwave (musique electro d’ambiance), synth-pop ou drone à la Sunn O))). Rien que ça !
Le petit côté instable du breakcore, c’est pas pour me déplaire.
Une telle variété de styles pour qualifier un seul style : ca c’est du paradoxe. Ou de l’absurde. Car le terme de “witch house”, employé, comme dit plus haut, par Travis Egedy, est avant tout une blague de son auteur. Se faisant un peu mousser, il assurait que l’année 2010 serait celle de leur musique, qu’il qualifiait donc de witch house, soit de la house music inspirée par l’univers occulte.
Telle une boule de neige, le mot a été repris par un bon paquet de sites musicaux influents, des groupes un peu partout dans le monde se sont retrouvés dans cette appellation, ou se sont fait coller une étiquette par les-dits sites et des internautes, puis les vidéos, playlists et sites dédiés à ce courant ont pullulé comme des champignons après une averse.
La witch house est donc née du chaos, ou d’un rituel magique que n’aurait pas renié Aleister Crowley, c’est selon. Et cela justifiait donc d’en causer en ces lieux. Mais terminons ici le bavardage, et passons à la musique, c’est quand même cela l’essentiel.
Les synthés qui me font penser aux morceaux de John Carpenter, je prends aussi.
Musique, maestro !
Commençons tout d’abord par l’émission de Thematics Radio diffusée en septembre 2012, et qui m’a fait découvrir ce genre. Quasiment deux heures de mix, avec une sélection impeccable comme d’habitude : c’est le meilleur moyen de s’y plonger. N’hésitez pas à vous rendre également sur Soundcloud, on y trouve un paquet de groupes et de mixes comme celui-ci ou celui-là . Ceux qui disposent d’un compte Spotify peuvent également lancer ma playlist, que je continue d’étoffer.
Enfin, sur Youtube, vous pouvez lancer cette playlist qui comporte une soixantaine de morceaux. J’ai créé également une playlist sur ma chaîne, elle est encore peu fournie pour l’instant mais, comme pour Spotify, je continue de rajouter des morceaux au fur et à mesure de mes découvertes. A propos de Youtube, cela vaut d’ailleurs le coup de regarder les vidéos, car pas mal de groupes de witch house font un réel effort pour combiner images et sons (preuve à nouveau d’une envie de passer outre les frontières artistiques).
Pour aller plus loin
A regarder, un reportage de Tracks, diffusé en mai 2012, et consacré à Salem, un des groupes qui a fait connaitre la witchouse:
Un court article sur Expatriarch qui explique bien le bordel à tenter de cerner ce genre.
Un autre de Tuyet Nguyen sur AV Club qui revient sur la blague de Travis Egedy devenue réalité.
Et enfin, pour ceux qui veulent être incollables sur ce genre (bon courage à eux), direction Witch House.com qui essaie d’y mettre un peu d’ordre (bon courage à eux aussi).
Sur ce, voila de quoi vous amuser d’ici à ma nouvelle épiphanie. En vous remerciant, bonsoir.
Texte, illustration : Gwen