Toutes les photos par J. P. Varin. Source.
Bonne nouvelle. Aujourd’hui, en France, la majorité des morts-vivants n’ont plus peur de s’assumer en public. Et oui, faire son Zombing-Out n’est plus aussi difficile que par le passé. De la clandestinité des cimetières aux bars les plus branchés de la capitale, les zombies sont de mieux en mieux intégrés à notre société. Certes, les esprits chagrins souligneront que des progrès restent à faire en matière d’égalité salariale et de conditions de travail. Pas facile en effet de travailler à côté d’un zombie qui, pour des raisons évidentes de chaîne du froid, doit mettre la climatisation au maximum.
Fier d’être zombie ? C’est le cas des organisateurs de la Zombie Walk de Lyon, fer de lance du mouvement d’acceptation des morts dans nos régions. Voilà bientôt 5 ans que Julien Pouget et ses camarades organisent des marches et des manifestations. Leur objectif ? Le Zombie pour tous, bien sûr.
Le Virus
Depuis quand avez-vous attrapé le virus Zombie, s’il s’agit d’un virus ?
Le virus zombie est apparu dans l’association (Aoa Prod) en octobre 2007. Après trois saisons de projections de courts-métrages, nous souhaitions voir plus grand et proposer un festival de cinéma avec de vrais films en pellicule. Nous nous tournâmes alors vers la figure emblématique du genre fantastique : le zombie. Lors de la préparation de ce festival, nous avons eu le désir d’accompagner ces diffusions en salle avec une animation. Bien entendu, le concept de la Zombie Walk nous est apparu comme une évidence. Nous avons donc organisé notre première marche zombie le 7 juin 2008 sur les berges du Rhône. Nous ne savions pas alors, qu’il s’agissait de la première française du genre !
Quelle est votre opinion sur la situation socio-économique des Zombie en France aujourd’hui ?
Le zombie est un reflet culturel contemporain retransmis massivement par des éléments de pop-culture. D’un point de vue économique, ça rapporte beaucoup de pognons. D’un point de vue social, ça peut toujours permettre de tenir dix minutes de discussions à table, voir une demi-heure si deux geeks y sont représentés ! Tant que l’industrie continuera à le mettre à toutes les sauces, les choses devraient bien se passer. Si cela disparaît, et bien, plus personne n’y pensera.
Fier d’être Zombie
Pourquoi vous paraît-il important de manifester votre fierté d’être Zombie par des Zombie-Pride ?
Nous l’avons toujours appelé officiellement “Zombie Day”. Le titre “Zombie Pride” est né suite à l’un de nos premiers articles de la presse locale lui donnant ce nom. En effet, une semaine après notre première marche zombie, c’était la glorieuse Gay Pride lyonnaise qui venait envahir Lyon. Le nom était amusant et original, on l’a gardé.
Quelles sont vos revendications, notamment en matière de mariage avec les vivants ?
Le mariage avec les vivants est un mouvement irréversible de notre histoire. Cette réforme va dans le sens des évolutions de notre société qui en sera, il en est sûr, fière dans les prochains jours ou plus tard. C’est une étape vers la modernisation de notre pays, vers plus de liberté, plus d’égalité : les principes qui fondent notre République. C’est pourquoi, nous appelons chacun à chercher l’apaisement, la compréhension, le respect pour nous concentrer sur d’autres dossiers.
Êtes-vous favorable à une généralisation du Zombisme ?
On ne peut être favorable ou défavorable, mais le constat est là : on a pas trop le choix. Si cela gène certaines personnes, on leur conseil de regarder ailleurs et d’attendre que ça passe. Après tout, on pensait bien au début des années 90 que l’Euro-Dance serait éternelle, et puis tout s’est arrangé.
Politiques Zombies
Avez-vous fréquemment des conflits sur le comptage des manifestants avec la police (à la solde des vivants, comme nous le savons bien) ?
Nous avons un réel problème avec la police : elle nous ignore. On peut être 1200 zombies avec le double de spectateurs autour, les forces de l’ordre regardent ailleurs l’air de rien. Nous avons envoyé de nombreux courriers à la préfecture afin de leur demander combien de personnes ils avaient comptabilisé. On nous a répondu de laisser les gens travailler tranquille. On a donc décidé en 2010 de donner des chiffres à leur place. On quadruple les nôtres, on dit que la police donne le chiffre réel, puis on envoie un communique de presse pour s’offusquer de ce comptage arbitraire rappelant les heures les plus sombres de notre histoire.
Qui sont les zombies célèbres, et George Moustaki défilera-t-il à vos côtés ?
La marche zombie est un événement populaire dans le pur sens du terme. Nous évitons de faire venir ou remarquer les célébrités susceptibles de participer afin de laisser toute la lumière des projecteurs sur les petits gens. Les ch’tis zombies comme on les appelle, les invisibles de notre société, ceux que l’on ne voit pas mais qui sont toujours là. Je crois que les gens le savent et c’est pour cela que la marche zombie connaît une croissance continue de participants.
Vous aimez la mort ? Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de la Zombie Pride.